Avr 262007
 

François Bayrou :
« Sarkozy : Non merci, Royal : Oui peut-être… »

François Bayrou a livré une première partie de ses intentions lors de la conférence de presse de ce mercredi. S’il a déclaré comme on s’y attendait qu’il ne souhaitait pas donner de consigne de vote à ses électeurs, il s’est néanmoins déclaré disposé à les «éclairer» dans leur décision en rendant public son choix personnel, lequel il dit n’avoir pas encore arrêté : «Pour l’heure je ne sais pas ce que sera ma décision», précisant toutefois qu’en revanche il avait une bonne idée de ce qu’il ne ferait pas et consacrant la majeur partie de son intervention à expliciter ce dernier point, se refusant à dire explicitement «je ne voterai pas pour Nicolas Sarkozy» tout en le laissant très fortement entendre.

Sur le plan économique, François Bayrou estime que ni le projet de Nicolas Sarkozy ni celui de Ségolène Royal ne lui semblent en mesure de relancer la croissance. Il dénonce chez l’un et chez l’autre la part belle faite à l’accroissement des dépenses publiques et à l’accentuation de la dette – de soixante milliards chacun, a-t-il estimé. Tout au long de sa conférence de presse, le seul point critique visant particulièrement Ségolène Royal a concerné son projet économique qui selon lui «multiplie les interventions de l’État qui sont inadaptées au contexte actuel». En revanche, «Ségolène Royal paraît mieux intentionnée sur la rénovation de la vie politique». Quant à Nicolas Sarkozy, le leader centriste a ironisé sur sa proposition d de baisser de 4 points les prélèvements obligatoires, «un exploit que n’ont réussi ni Reagan ni Thatcher» ! et souligne que l’élection de celui-ci se traduirait par une aggravation de la déchirure du tissu social et par un blocage de la vie démocratique. «Par son tempérament et les thèmes qu’il a choisi d’attiser, il risque d’aggraver les déchirures du tissu social, notamment en conduisant une politique d’avantages aux plus riches», a-t-il précisé

Pour le reste, ce fut une charge exclusivement dirigé contre le candidat de l’UMP. «Je pense qu’il y a des ressemblances entre Berlusconi et Nicolas Sarkozy», a affirmé M. Bayrou. «Nicolas Sarkozy, par sa proximité avec les milieux d’affaires et les puissances médiatiques, par son goût de l’intimidation et de la menace, va concentrer les pouvoirs comme jamais ils ne l’ont été», a-t-il insisté, dénonçant pêle-mêle la «proximité de Nicolas Sarkozy avec les médias», «son goût de la menace» et son «tempérament qui accentuera les déchirures du tissu social» et ajoutant que concernant l’attitude de Nicolas Sarkozy vis à vis des élus de l’UDF qu’il tente de rallier à sa candidature en vue du second tour de l’élection présidentielle, «cette manière de multiplier, par pression, des débauchages individuels et de prétendre fabriquer de faux partis, cela ressemble assez à la manière de gouverner des Hauts-de-Seine qui n’est pas pour moi (…) l’exemple de la démocratie»

On l’aura bien compris, dans son analyse des perspectives démocratiques, sociales et économiques, François Bayrou penche indiscutablement pour Ségolène Royal, en faveur de laquelle il n’exclut pas de voter, affirmant qu’il était disposé dans ce cas à rendre publique sa décision afin d’éclairer ses électeurs du premier tour dans leur propre choix pour le second.

On notera enfin que François Bayrou n’a pas souhaité commenter les révélations qui ont été faites dans Sud Ouest, contre sa volonté, concernant le pacte secret que lui aurait proposé Nicolas Sarkozy au lendemain de son accession à la tête de l’UMP, pacte dont l’objectif était de former un front commun contre Chirac, une alliance des jeunes contre «le vieux». Extrait d’un dialogue (ici pour l’écouter) :

– Sarkozy : « Je te propose une alliance contre Chirac. On va faire les jeunes et on va le démoder, lui qui est vieux. On va lui faire la guerre et, au bout du compte, on fait une alliance contre Chirac. »

– Bayrou : « Ca ne m’intéresse pas. Je ne veux pas faire d’alliance avec toi. Je ne veux pas faire une alliance contre Chirac sur le critère de l’âge. Cela ne me ressemble pas. Alors, tu fais ce que tu veux, mais moi, je ne le ferai pas. »

On comprend que Bayrou sait de quoi il parle quand il évoque la conception de la politique d’un Sarkozy, dangereuse pour la France.

On parle de : La conférence de presse de François Bayrou