Je vais être en manque de titre.
Sur le même thème, j’ai déjà commis Quand Royal désire Ségolène, Ségolène moi toute seule et L’envie du désir d’avenir de soi.
Mais il va bien falloir le répéter à chaque occasion, essayer d’ouvrir les yeux du plus grand nombre : Ségolène Royal n’a d’autre ambition qu’elle-même.
Ségolène Royal se prépare pour 2012, elle toute seule, envers et contre tous, méthodiquement, obsessionnellement. Et avec un mépris total pour le travail collectif : ce sera elle ou bien le chaos. Soit ça passe pour elle, soit ça casse pour la gauche – et donc pour le peuple français qu’on laissera entre les mains de Sarkozy. Cynisme d’une ambition démesurée.
Vincent Peillon était au travail. Depuis bientôt un an. Au lendemain du Congrès de Reims, il revenait à Ségolène Royal de rassembler et de structurer l’opposition interne du Parti Socialiste : cela ne servait pas ses intérêts, elle s’en est désintéressée. Vincent Peillon avec d’autres s’est chargé de mettre les mains dans le cambouis. Un courant s’est structuré et puis s’est mis au travail, collectivement, pendant que Ségolène continuait d’amuser la galerie médiatique, c’est-à-dire de cultiver son petit jardin d’ambitieuse indécrottable.
Et puis, Vincent Peillon a commencé à prendre la lumière, au point de pouvoir politiquement compter pour quelque chose dans la bataille pour 2012. Il devenait trop puissant par rapport à ce qu »on pouvait l’estimer fiable et Ségolène est venue à Dijon écraser Vincent à grands coups de talon. Qu’importe le travail qui s’accomplissait, qu’importe même le respect dû à ceux qui accomplissaient ce travail, qu’importe surtout l’image désastreuse pour un Parti Socialiste convalescent : rien ne saurait importer en regard de l’inexorable marche en avant d’une femme vers son destin rêvé.
Ce n’est pas la première fois que Ségolène Royal à sa dévorante ambition sacrifie et Vincent Peillon et l’intérêt du Parti Socialiste. Ceux qui n’ont pas la mémoire trop courte se souviennent qu’à l’issue du vote sur les motions, lors du Congrès de Reims, un schéma politique avait commencé de se dessiner autour de la constitution d’une majorité renouvelée, largement transversale et excluant les éléphants, et qui impliquait la candidature de Vincent Peillon au poste de premier secrétaire. C’est alors que Ségolène Royal décida de sortir du frigo. A ce Ségolène Sinon Rien trop évident répondit aussitôt un Tout Sauf Ségolène qui n’attendait que cela : la machine infernale était enclenchée, on connait quel fut le succès de l’opération…
Ségolène Sinon Rien. Voilà bien le credo unique qui guide Madame Royal. Et c’est ainsi qu’au fil des mois, les uns après les autres, tous ceux qui furent ses fidèles soutiens, et parmi les plus proches, prirent inéluctablement leurs distances. La liste des traitres à la diva est longue, de Julien Dray à Vincent Peillon, de Manuel Valls à Aurélie Filippetti, en passant par Jean-Pierre Mignard (son avocat) et Pierre Bergé (son mécène), sans même remonter jusqu’à Arnaud Montebourg, sans non plus évoquer François Rebsamen et Jean-Louis Bianco qu’on a pu sentir de plus en plus hésitants…
Je les vois venir tous ceux qui viendront hurler au ségobashing, ils ne comprennent pas que, bien au contraire, il ne s’agit là que de contester à Ségolène Royal une attitude irresponsable qui consiste, au motif que cela servirait ses intérêts, à choisir de semer la zizanie partout où l’on ne se met pas à son service exclusif, en particulier donc au sein du Parti Socialiste. C’est que Ségolène Royal a parfaitement compris que tout ce qui renforce le Parti Socialiste affaiblit sa propre candidature pour 2012. Et la voilà de fait enfermée dans un paradoxe aussi terrible que cruel : afin de conserver ses chances pour 2012, il lui faut contribuer à affaiblir son propre camp. Et pour s’assurer d’être la candidate, il lui faut réduire à néant ses chances d’être élue.
Ce n’est pas moi qui fait du ségobashing, c’est Ségolène Royal qui joue au snipper sur tout ce qui est susceptible de lui faire de l’ombre à gauche, et en particulier sur le Parti Socialiste – parce que ça lui va bien.
Pourtant, pendant ce temps-là, Nicolas Sarkozy a de plus en plus de mal à se maintenir la tête hors de l’eau :
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Et pourtant, le SMIC… Et pourtant, le libéralisme…
Au moment de conclure ce billet, je lis celui de Juan, auquel répondre me permet de conclure : certes, l’ambition n’est pas à gauche l’apanage de Ségolène Royal, force est cependant de constater que chez elle cela surpasse tout, au point qu’elle serait prête à lui sacrifier sa famille politique, ses amis et ses convictions. En cela pour le moins elle ressemble étrangement à un certain Nicolas Sarkozy.
Où l’on parle de : Une ambition Royal
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