Sarkozy « off » et la réalité maquillée
(article pompé sur agoravox)
« Personne n’est là pour m’accueillir. Toute cette direction il faut la virer. Je ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ça ne va pas tarder« . Tels sont les propos menaçants que Nicolas Sarkozy a tenu envers la direction de France 3 dans les couloirs du siège de France Télévisions le 18 mars (source: Le Canard enchaîné).
Il paraîtrait que le candidat de l’UMP aurait « changé« . Il paraîtrait qu’il serait devenu calme, cool, zen. Il paraîtrait qu’il aurait appris à dominer son agressivité, à maîtriser son impulsivité, à contrôler son tempérament coléreux. C’est en tout cas l’image qu’il tente de donner de lui-même lors de ses prestations audiovisuelles. Bon acteur, il parvient assez bien et la plupart du temps à donner le change.
En fait, cette image rassurante ne correspond à aucune réalité. Nicolas Sarkozy n’a pas changé. Evidemment, cela ne se voit pas à la télé. Normal, puisque ce média fonctionne avant tout sur l’image ? Oui et non. Il y a l’image « on », celle filmée en studio, et l’image « off », celle que l’on pourrait filmer dans les couloirs ou dans les salles de maquillage.
Imaginez qu’un cameraman ait filmé ce qui s’est passé dans les locaux de France 3 le 18 mars à 19h30, peu avant le début de France Europe Express, l’émission animée par Christine Ockrent, dont l’invité est le candidat de l’UMP. Imaginez qu’en un geste inouï de courage et de déontologie journalistique et citoyenne, la rédaction de cette chaîne aie décidé de programmer ce reportage brut de décoffrage juste après l’émission.
Voilà ce que vous auriez vu en « off » : Nicolas Sarkozy entre dans le hall d’accueil au pas de charge, hyper speedé, l’air renfrogné, entouré d’un tas de gorilles qui le dépassent de deux têtes, de sa cour de conseillers toute en courbettes et de sa maquilleuse attitrée. Il est accueilli par des journalistes qui l’accompagnent jusqu’à la loge de maquillage, dont les fauteuils sont déjà tous occupés par les autres invités de l’émission (Laurence Parisot, présidente du Medef, Martin Hirsch, président d’Emmaüs France et Julie Coudry, présidente de la Confédération étudiante) en pleine séance de poudrage antisueur. On lui demande donc de patienter.
Patienter, lui ? Pas question. Il pique aussitôt une de ses colères coutumières et hurle : « Je ne veux pas attendre plus longtemps, je veux me faire maquiller tout de suite« . Essayant de le calmer, les journalistes lui expliquent qu’il doit attendre son tour vu qu’il n’y a pas d’autre loge de maquillage. Nouveaux hurlements d’un Sarkozy déchaîné : « Mais enfin, il n’y a personne pour m’accueillir. La direction n’est pas là ? Ce n’est pas normal. Qu’est-ce qu’ils font ? Qui suis-je pour être traité ainsi ?«
C’est vrai, quoi. Ce n’est pas n’importe qui. C’est Sa Majesté Nicolas Sarkozy, le grand homme (sic) avec lequel tout devient possible. A-t-il un instant pensé à envoyer ses gorilles déloger brutalement l’un des invités pour prendre sa place ? La caméra ne le montre pas. Par contre, elle zoome sur le candidat de l’UMP. On le voit faire un signe de la main autoritaire en direction de ses gorilles et de Franck Louvrier, son conseiller en communication en nage et tétanisé. « Franck, on s’en va« , lui dit-il d’un ton sec et énervé. Il se dirige vers la sortie. Tétanisés eux aussi, les journalistes téléphonent à Christine Ockrent qui prépare son émission sur le plateau et la supplient de venir. Elle refuse et leur répond que Sarkozy « fait sa diva« .
Furieux, escorté de ses gorilles et conseillers, Sarkozy est déjà dans les couloirs, se dirige vers la sortie et pète un câble : c’est alors qu’il prononce les phrases qui débutent cet article. Du coup, Ockrent radine à toute vitesse pour essayer de calmer l’homme qui a « changé » et l’accompagne, toujours fulminant, dans une loge de maquillage de France 2 où sa maquilleuse personnelle le talque tandis qu’il s’empiffre de petits fours initialement destinés à Marie-George Buffet, invitée d’une autre émission ce soir-là. Apparemment ça le calme puisqu’à 23h15, quand commence France Europe Express, il est cool, zen, poudré et souriant. Un beau rôle de composition de cabotin.
Mais il n’y a pas eu de caméra cachée pour filmer tout ça. Dommage pour les citoyens que nous sommes…
Ce genre d’anecdotes révélatrices du personnage, il y en a chaque semaine dans le Canard enchaîné, qui n’est pas qu’un « hebdomadaire satirique« , comme on dit, mais surtout un journal extrêmement bien informé et qui ne fait de cadeau à aucun homme politique. Avant et après ses prestations médiatiques, Sarkozy pète quasi systématiquement les plombs et entre dans des fureurs noires pour un oui ou pour un non. On sait qu’il a déjà usé et abusé de son pouvoir de ministre de l’Intérieur pour faire interdire un livre sur sa femme Cécilia, pour faire vider le directeur de la rédaction de Paris Match à cause d’une couverture qui lui avait déplu. A présent, à cause d’une banale affaire d’attente dans une loge de maquillage, il menace de virer l’équipe de direction d’une chaîne de télévision publique pour la remplacer par des hommes à sa botte dès qu’il sera élu.
Si Nicolas Sarkozy devient président de la République, il est clair que la liberté d’information sera en danger. C’est très grave.
En tout cas il n’a pas « changé« . En « off » (c’est-à-dire en « réalité ») il est toujours aussi coléreux, impulsif, agité, agressif et irréfléchi. Ce n’est pas vraiment ce genre de « qualités » qu’on attend d’un homme qui aspire à la plus haute fonction à la tête de l’Etat. Il faut une certaine maîtrise de soi pour diriger un pays et par conséquent être susceptible d’avoir à gérer de graves crises qui demandent d’autres réactions que des crises de nerfs.
L’article se suffit presqu’en lui-même tant il confirme toutes les inquiétudes que l’on peut nourrir sur ce personnage quant à sa capacité à assumer la charge à laquelle il postule. Pourtant, un commentaire a été posté sur Agoravox, à la suite de cet article, qui mérite une attention particulière. Je le reproduis également :
Fou ? Encore faudrait-il définir la signification du terme.
En ce qui concerne N. Sarkozy, les choses semblent relativement claire pour le thérapeute que je suis.
Il présente les principales caractéristiques d’une névrose paranoïaque: très grande susceptibilité, ego surdéveloppé de façon pathologique, très grande méfiance envers autrui, jugement altéré, etc. La névrose peut se traiter par des séances de psychothérapie: analyse ou autres. Il est assez symptomatique que N. Sarkozy refuse tout débat avec ses concurrents, attaqué sur ses points psychologiquement faibles (ego, susceptibilité,etc), il pourrait craquer et montrer alors sa vraie personnalité. Je le crois assez intelligent pour s’en rendre compte. Cela dit, une névrose est un mal relativement bénin, qui n’a comme effet qu’un caractère assez désagréable pour l’entourage.
La psychose, en l’occurrence la paranoïa déclarée, c’est toute autre chose, c’est ce que le commun des mortels appelle la folie. C’est une maladie mentale grave, nécessitant, le plus souvent une hospitalisation ou, pour le moins, un traitement médicamenteux sérieux. Le tout doublé d’une approche psychothérapie classique.
Dans le cas de N. Sarkozy, nous n’en sommes qu’à une phase de névrose. Malheureusement, sous l’effet d’une brusque décompensation, un névrosé, qui est parvenu à un certain équilibre grâce à des béquilles psychiques, peut passer brutalement passer à la psychose par exemple, sous l’effet du stress. Peut-on prendre le risque de confier le bouton des armes nucléaires à un tel sujet ?
Oui, décidément, non seulement cet homme représente pour la France un danger de régression économique et social, mais également une menace sur les valeurs de la République et sur le rang international que la France se doit de tenir, non pas tant pour ce rang en lui-même, mais plutôt pour le rôle qu’il s’agit pour la France de jouer en Europe, et avec l’Europe, dans le Monde. Les enjeux planétaires sont considérables. Il est à craindre que l’ego surdimensionné et paranoïde de Nicolas Sarkozy puisse à l’occasion se révéler catastrophique. A l’heure de choisir, il sera de la responsabilité de chaque électeur de s’interroger : en regard des enjeux, est-il envisageable de courir ce risque ?
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