La bonne blague de Luc Mandret
Cela n’étonnera qu’assez peu de monde qu’un ségoliste convaincu, pour lequel j’ai néanmoins moins un grand respect, se soit débrouillé pour faire inscrire un p’tit gars du Modem au journal Cozop des left-blogs. Cela n’étonnera pas grand monde non plus qu’un p’tit gars du Modem, le même, joue sur son blog à compléter des chaînes (il s’agit de faire un billet sur son blog où l’on donne son top five ou top ten de ses animaux préférés, de ses gagnants de la starac’, de ses crèmes de beauté… et puis d’inviter cinq ou dix autres blogueurs à en faire autant – trop fun quoi j’te jure !). D’ailleurs, d’autres partagent ce goût pour ce petit jeu et même lui qui pourtant se prend très au sérieux sur la blogosphère, à ce qu’on me dit… Plus surprenant est toutefois de retrouver ainsi le dit billet centristo-mièvre sur le journal des left-blogs sur Cozop, mais bon, pas encore de quoi fouetter un chat après tout. Non, pour moi ce qui constitue la véritable surprise, qui en réalité me troue le cul, littéralement, et fournit l’argument à ce billet, est ailleurs. Je vous explique.
Luc Mandret, « blogueur centriste » (et déjà que je ne sais pas trop ce qu’est un blogueur…), a donc joué à une « chaîne sur blogs » – grand bien lui fasse, bref. Il s’agissait cette fois d’écrire ses cinq contradictions (wouhuuuh comme c’est amusant !) et voilà qu’en numéro 2, ce cher Luc, auquel je n’avais jusque là pas soupçonné tant d’humour et de causticité, écrit : « Je me positionne globalement à gauche et je suis militant au MoDem. De gauche sur les questions sociétales, du centre sur les questions économiques. Libertaire et soft-libéral.« . Je résume : Luc Mandret nous explique que, libertaire, il s’est engagé au Modem, aux côtés de François Bayrou qui lui est sans nul doute libéral et soft-libertaire (très très soft)…
Bon…
Moi, ça me fait hurler de rire…
Pas vous ?…
Bon…
Mais peut-être ne savez-vous pas que [mode Wikipedia] Le mot libertaire a été créé par Joseph Déjacque, militant et écrivain anarchiste, par opposition à « libéral ». Le néologisme construit sur un modèle alors répandu chez les socialistes utopiques par l’usage du terme prolétaire (égalitaire, fraternitaire), apparaît dans une lettre ouverte à P. J. Proudhon, De l’Être-Humain mâle et femelle – Lettre à P. J. Proudhon, publiée à la Nouvelle-Orléans en mai 1857. Joseph Déjacque s’oppose à la misogynie de Proudhon et l’accuse d’être « anarchiste juste-milieu, libéral et non LIBERTAIRE… ». Contre son conservatisme en matière de mœurs, Déjacque revendique la parité des sexes et la liberté du désir dans une société affranchie de l’exploitation et de l’autorité.[fin mode Wikipedia]
Bon, là déjà c’est très drôle. Ça devient tout simplement hilarant un tout petit peu plus loin : [mode Wikipedia]En dépit de l’origine du terme, le philosophe et sociologue marxiste Michel Clouscard a introduit l’expression synthétique « libéral-libertaire » dans son livre Néo-fascisme et idéologie du désir (1972) pour dénoncer la permissivisme moral des étudiants gauchistes de mai 1968 qu’il considère comme une attitude contre-révolutionnaire, expression depuis revendiquée par certains, à l’instar du député européen Daniel Cohn-Bendit.[fin mode Wikipedia]
Accessoirement, il faudrait peut-être expliquer à Luc, et plus largement à ses petits camarades centristes, qu’il n’y a pas en politique les « questions sociétales » d’un côté et les « questions économiques » de l’autre, mais bien des questions politiques globales auxquelles il s’agit d’apporter des réponses politiques et conçues comme un tout cohérent. Lui expliquer par exemple qu’être favorable au mariage des homosexuels ne fait en aucun cas de lui ou de qui que ce soit d’autre un homme de gauche – pas plus que distribuer un peu de menue monnaie à ses pauvres à la sortie de la messe ne règle jamais la question des solidarités. Être un bon petit gars, à l’esprit ouvert, gentil et tolérant, c’est certes très bien… mais ça n’a rien de politique.
…
Libertaire et au Modem ! Mpfffff… et Ouarf Ouarf Ouarf !!!… Tout de même, s’ils sont tous aussi drôles, qu’est-ce qu’on doit se marrer dans les réunions du Modem. Je serais presque tenté… si je n’avais passé un aussi bon moment ce midi-même avec certaine amie socialiste et de gauche (ce qui est quasiment devenu une contradiction par les temps qui court – et ça m’en fait donc une… pour le cas improbable où l’on m’invite à entrer dans la chaîne).
Source : La bonne blague de Luc Mandret