Démocratie participative façon Corse
Sur le site à la gloire de Ségolène Royal, notre chef Désirs d’Avenir, Ségolène Royal « invite à une grande réunion de présentation de la contribution que nous soumettrons très prochainement aux militants du Parti socialiste. […] Notre contribution, notamment alimentée par les 2 500 textes que vous avez envoyés sur le site « Congrès utile et serein »…« .
Or, dès l’annonce de l’initiative « participative » pour un congrès « utile et serein », j’écrivais que ce qui ne l’est pas [posé] et qui aurait dû l’être est : à quoi ça va servir ? – et on se doute en réalité que la vraie question est « à qui ? ». Car est-il possible d’envisager qu’à l’issue de la méthode participative proposée à tous les militants par Madame Royal, il se dégage en réponse des positions largement contraire aux positions de Ségolène ? Et qu’adviendrait-il alors de la rédaction de la motion Royale ? On peut même élargir : puisque le machin s’adresse à l’ensemble des militants, comment est assurée la transparence du bidule ? Qui gère la modération ? Quels en sont les critères ? Le dépouillement des réponses sera-t-il également participatif ? Qui décidera de ce qui est à retenir et ce qui est à rejeter ? Bref, le bidule, en réalité, il appartient à qui ? Ou encore, et en corolaire : le machin participatif n’inclut-il pas nécessairement la transparence et la mutualisation de l’accès au bidule ?
Force est de constater qu’aucune réponse n’a été par la suite apportée afin de garantir la transparence du processus, condition impérative de la démocratie. Aussi bien j’écrivais à la suite du précédent extrait que en l’absence d’une telle transparence – et donc de la réponse à ces questions de fonctionnement qui sont tout sauf accessoires -un militant qui ne se sentirait pas franchement politiquement proche de Ségolène Royal ne peut véritablement espérer que ses réponses éventuelles soient prise en compte, puisque ce qui va en ressortir est annoncé « motion Ségo ». Ce qu’il sait en revanche, c’est qu’en participant il sera compté dans ces « X milliers de participants au débat interne suscité par Ségolène Royal » qui seront inévitablement annoncés à l’issu de l’opération pour preuve de l’engouement des militants et sympathisants vis à vis de ladite démarche participative. Et voilà donc notre ami pas si bisounours piégé entre dire, être compté mais sans pouvoir espérer qu’on tienne compte de ses réponses et ne pas répondre et laisser dire la vérité des vrais bisounours.
Cela reste cruellement vrai et la seule nouveauté est que ce que j’avais annoncé comme inévitable s’est bel et bien produit… et qu’à présent l’on sait donc que X=2,5 – ce qui en sus n’est pas beaucoup, sans doute que nombre de militants ont finalement préféré n’être pas compté dans les « participants » que de participer avec le risque de ne compter pour rien dans le texte final.
Car tout de même, quant on lit les « synthèses » des contributions – voir par exemple la synthèse de la question 2 -, le doute n’est plus permis : tout cela, le « participatif », n’était qu’un habillage, une vaste opération de communication et d’enfumage… et la contribution de Ségolène Royal sera la contribution de Ségolène Royal et de ses conseillers politiques soumises à l’appréciation des militants – ce qui en soit ne me pose aucun problème, pour peu que cela soit assumé plutôt qu’enfumé.
Bref, la démocratie participative à la sauce Royal, ça fait furieusement penser à Astérix en Corse :