Depuis hier, nous connaissons les motions qui seront soumises au vote des militants dans la perspective du congrès de Reims. L’heure est donc venue d’une petite revue d’effectifs, ainsi que de quelques explications dont j’ai cru lire qu’elles pouvaient être nécessaires – concernant l’organisation du congrès du Parti Socialiste et quelques questions que vous vous posez sans doute.
Les motions déposées et proposées au vote des militants sont donc au nombre de six :
1. la motion Utopia : « Socialistes, Altermondialistes, Ecologistes »
premier signataire : Franck Pupunat ;
autres personnalités signataires : ? ;
présentation : comme son nom l’indique ;
qualité : la dimension écologiste, indispensable à un socialisme du XXIème siècle ;
défaut : isolée ;
mon estimation : 1% ;
téléchargez la motion F
2. la motion du pôle écolo : « Pour un socialisme résolument écologique »
premier signataire : Christophe Caresche ;
autres personnalités signataires : ? ;
présentation : comme son nom l’indique ;
qualité : la dimension écologiste, indispensable à un socialisme du XXIème siècle ;
défaut : isolée ;
mon estimation : 3% ;
téléchargez la motion B
3. la motion ségo-libérale : « L’espoir à gauche, fier(e)s d’être socialistes »
premier signataire : Gérard Collomb ;
autres personnalités signataires : Ségolène Royale – Manuel Valls – Jean-noël Guerini – Julien Dray – Vincent Peillon ;
présentation : … ;
qualité : l’hypothèse Vincent Peillon et l’espoir d’un dépassement par le haut des divisions ;
défaut : proximité avec le Modem + Ségolène Royale est une part du problème socialiste : ambitions égotistes, luttes intestines, divisions insolubles, inaudibilité ;
mon estimation : 26% ;
téléchargez la motion E
4. la motion delano-démocrate : « Clarté, Courage, Créativité : Une gauche conquérante pour redonner un
espoir à la France »
premier signataire : Bertrand Delanoë ;
autres personnalités signataires : François Hollande – Jean-Marc Ayrault – Lionel Jospin – Pierre Moscovici ;
présentation : … ;
qualité : politiquement très solide ;
défaut : continuité + Bertrand Delanoë est une part du problème socialiste : ambitions égotistes , luttes intestines, divisions insolubles, inaudibilité ;
mon estimation : 30% ;
téléchargez la motion A
5. la motion social-aubryiste : « Changer la gauche pour changer la France »
premier signataire : Martine Aubry ;
autres personnalités signataires : Jean-Christophe Cambadélis – Claude Barolone – Marylise Lebranchu – Laurent Fabius ;
présentation : … ;
qualité : tonalité sociale ;
défaut : patchwork instable + Martine Aubry est une part du problème socialiste : ambitions égotistes , luttes intestines, divisions insolubles, inaudibilité ;
mon estimation : 18% ;
téléchargez la motion D
6. la motion hamo-réformiste : « Un monde d’avance »
premier signataire : Benoit Hamon ;
autres personnalités signataires : Jean-Luc Mélenchon – Henri Emmanuelli – Pierre Larrouturou – Marie-Noëlle Lienemann – Gérard Filoche ;
présentation : … ;
qualité : ancrage à gauche sur une ligne audacieuse et réformiste ;
défaut : dépoussiérage encore incomplet ;
mon estimation : 22% ;
téléchargez la motion C
Mode d’emploi du Congrès du PS :
Les motions déterminent six courants. Elles seront soumises au vote des quelque 200 000 militants du PS, le 6 novembre prochain – dans leurs sections et à bulletin secret.
Ce vote permet de désigner à la proportionnelle et dans chaque section les délégués au Congrès fédéral qui lui même votera en respectant la proportionnelle au niveau fédéral pour les délégués au congrès national. Les Congrès fédéraux sont programmés simultanément pour le 11 novembre.
Le congrès se tiendra à Reims les 14, 15 et 16 novembre. Une synthèse peut se faire entre les délégués de plusieurs motions (synthèse partielle) ou de toutes les motions (synthèse générale). En absence de synthèse générale, la ligne politique du PS est déterminée par la motion de synthèse partielle qui détiendra la majorité des délégués. Cette ligne est dès lors celle qui vaudra pour les 3 années suivantes.
Le premier signataire d’une motion est généralement le chef de file du courant qui en est issu, mais il n’est pas pour autant nécessairement candidat au poste de premier secrétaire. Les aspirants à ce poste ont jusqu’au 14 novembre pour déposer leur candidature. Le vote des militants sur le nom du premier secrétaire du PS aura lieu en section le 20 novembre, et éventuellement lors d’un second tour le 21 novembre. Le successeur de François Hollande aura ainsi été élu à la majorité absolue des voix des militants socialistes.
Mon choix :
Benoît Hamon entend porter quatre orientations politiques :
– retour de la puissance publique dans le champ économique ;
– restrictions indispensables au libre-échange là où il met à mal la protection de l’environnement et les droits des salariés et des citoyens ;
– exigence d’une nouvelle répartition des revenus entre le travail et le capital ;
– vraie réorientation de la construction européenne.
C’est pour moi une excellente base pour un projet enfin audacieux et résolument ancré à gauche, une réelle alternative crédible à la politique libérale, économiquement catastrophique et dramatiquement anti-sociale, menée par Nicolas Sarkozy et qui jour après jour s’enfonce et persiste dans son échec. Il n’y manque selon moi (mais je n’ai pas encore lue la motion) qu’une prise de conscience plus soutenue de la dimension écologique qui doit impérativement traverser tout projet politique d’une gauche moderne. En dépit de ce bémol de première importance (et qui peut aussi bien s’appliquer à chacune des quatre grandes motions), je suis aujourd’hui persuadé que la refondation du Parti Socialiste passe par un soutien massif à la motion « Un monde d’avance« , dont Benoit Hamon est le premier signataire.
Je reste en outre résolument convaincu que le succès du congrès des socialistes implique que les militants se libèrent de leurs chapelles et renvoient dos à dos Ségolène Royal, Bertrand Delanoë et Martine Aubry dont les querelles aussi insolubles que stériles, largement héritées de la course à la succession mitterrandienne que se livrèrent avant eux les Jospin, DSK et Fabius, minent et paralysent depuis trop longtemps le Parti Socialiste. Il est temps d’en finir avec ses inimitiés d’un autre siècle et réunir tous les socialistes autour d’une équipe renouvelée, où il sera enfin tenu compte du fait majeur de l’histoire actuel du PS et que sont pourtant parvenus à éclipser la bataille des égos : les socialistes n’ont jamais été à ce point proches les uns des autres sur le fond – ils sont réformistes et de gauche !
Ainsi donc, et pas tout à fait paradoxalement, du poids que donneront les militants à la motion Hamon dépendra, en rendant cette dernière incontournable, la possibilité que – les trois autres motions se neutralisant – il soit nécessaire de faire émerger un candidat de synthèse qui ne soit pas l’un de ceux-là… et qui serait alors, et plus que probablement, Vincent Peillon dont un peu partout le nom est de plus en plus cité.
Et si donc les militants osaient l’audace d’un saut de génération… pour en finir avec celle qui n’en finira jamais de s’entredéchirer sur la dépouille d’un autre siècle.
Et si les militants socialistes osaient la gauche !
Lire aussi : Congrès du PS : le cas Hamon et l’hypothèse Peillon
Où l’on parle de : Congrès du PS : 6 motions et 1 mode d’emploi