Première génération de bourgeois. Par chez nous, on leur donnerait du nouveaux riches, Maxime Gorki les décrit comme des estivants.
Ils vivent entre eux, forment une société fermée et repliée sur elle-même, au sein de laquelle ils tâchent de tromper leur oisiveté de nantis dans une convivialité creuse et convenue, royaume de l’apparence, de l’ennui et des faux sentiments. Ils traversent la vie comme en villégiature, ne cherchant finalement rien d’autres qu’à dissimuler l’accumulation des petites frustrations derrière de grandes déclarations d’intentions, toujours remises. Jusqu’à ce que le mur des hypocrisies vole en éclats et libère les vérités aigres de chacun et chacune, leurs émotions dérisoires.
Je n’aime pas les mises en scène de Lacascade. Même s’il est loin d’être le pire en ce domaine, il fait partie de ces metteurs en scène qui se servent davantage des textes qu’ils ne les servent, qui soumettent les auteurs plus qu’ils ne les respectent. Du moins avais-je abouti au fil des déceptions à ce constat d’un metteur en scène au talent démonstratif – regardez ce que je sais faire – et qui cherche davantage à se dire qu’à faire dire.
J’ai été très agréablement détrompé et cette mise en scène des Estivants, moderne, actuelle, burlesque par moments, enlevée d’un bout à l’autre, est finalement très réussie. Parce qu’elle est vraie. Parce que tout et tous contribuent à l’explosion de la vérité du texte : le décor, simple et efficace ; la scénographie, audacieuse ; et les comédiens, libres et visiblement heureux d’être sur scène.
J’étais réticent, je fus conquis.
Source : Les Estivants