Ils se tiennent assis de part et d’autre de la cheminée. Le feu crépite, les flammes dansent. Ils se font face sans plus se voir. Lui a la tête un peu basse, il pleure peut-être. Elle a le regard furieux et noir, l’œil aussi sec que du bois mort. En bouche, l’un et l’autre ont un goût de cendre. Ils ont parlé longtemps. Ils sont fatigués, épuisés, ils se taisent maintenant. Et dans leurs cœurs la morsure des mots est une douleur qui persiste comme on se brûle. Tout semble avoir été dit, paroles cathartiques qui les a purgés l’un de l’autre ; et le silence désormais, à la fois tison et cautère sur les plaies qu’ils s’étaient infligés et qui suppurent encore. Cela aussi est douloureux et qui guérira. Ils se tiennent assis de part et d’autre de la cheminée. L’âtre est froid. Plus de feu, plus de flammes. Plus de bois. Tout ce qui fut est parti en fumée. Ne restent que deux petits tas de cendres qui se tournent le dos. Et que des vents capricieux emporteront.
Source : Embrasement