Ni Front National, ni Front républicain. Voici donc la position officielle de l’UMP pour ce deuxième tour des législatives.
Ce qui est intéressant, c’est ce ni Front républicain.
On y entend tout ce qu’il y a à entendre : l’UMP a choisi de ne plus prendre part au combat premier, celui qui consiste à dire qu’on ne transige pas avec les valeurs républicaines. Un combat qui prime sur le combat politique parce qu’il est celui qui permet à la République française d’être une et indivisible, d’être rassemblée autour de l’essentiel, ces valeurs communes dont la droite n’hésite pourtant jamais à se gargariser.
L’UMP vient donc lamentablement d’abandonner ce combat et de se retirer piteusement loin en arrière de la ligne de front. L’UMP a choisi de capituler en rase campagne, préférant perdre son âme que risquer de fâcher quelques électeurs.
C’est que l’UMP ne dit pas que le Front National serait devenu un parti fréquentable, un parti qui aurait toute sa place dans le débat républicain. Non, l’UMP continue de considérer le Front National comme un parti d’extrême-droite, un parti xénophobe et qui fait du racisme son fond de commerce, un parti dont l’UMP ne partage pas les valeurs. L’UMP a simplement renoncé à prendre part à ce combat-là, celui où il s’agit d’assurer la défense de ces valeurs qui sont communes à l’ensemble des républicains, qu’ils soient de gauche ou de droite.
Je suis un homme de gauche et la droite est mon adversaire politique, un adversaire que je combat avec force, résolument, farouchement même. Jamais pourtant je n’oublie que cet adversaire-là est, dans le cadre de la République française, un adversaire respectable, et que lorsqu’il m’inflige une défaite, cette défaite est acceptable parce qu’elle se situe dans le champ du combat républicain. La droite n’est pas mon ennemie parce qu’elle n’est pas ennemie de la République.
L’ennemie, c’est l’extrême-droite, c’est le Front National. Et à choisir entre un bulletin UMP et un bulletin FN, je n’ai pas la moindre hésitation. Pas seulement lors d’une élection législative, également lors d’une présidentielle. Je l’ai fait. Nous l’avons fait. En 2002, la gauche a donné 82% à Jacques Chirac afin de prendre toute sa part dans le combat républicain. C’est l’honneur de la gauche de l’avoir fait et c’est l’honneur de la gauche de le faire encore chaque fois que cela se représente, chaque fois qu’il s’agit de se dresser devant le Front national et de lui faire front.
L’UMP a perdu le sens de l’honneur. L’UMP a décidé de ne pas choisir entre un candidat de gauche et un candidat d’extrême-droite, entre un candidat républicain et un qui ne l’est pas, avec lequel elle ne partage pas les valeurs qui sont celles de la République française.
Notons ici que l’UMP n’hésite pourtant pas à choisir entre deux candidats de gauche. A la Rochelle, l’UMP choisit de voter pour Olivier Falorni afin de faire battre Ségolène Royal. Faut-il comprendre que Ségolène Royal serait si dangereuse pour la République qu’il deviendrait pour le coup acceptable de voter pour un candidat de gauche ? Alors même que cela ne le serait pas quant en lieu et place de Ségolène Royal c’est un candidat du Front National qui est au second tour ?
Oui, l’UMP a tout à fait perdu ce qui était encore son honneur.
Et quelle est l’argumentation développée pour expliquer ce renoncement ? La gauche est alliée au Front de Gauche qui ne serait pas non plus un parti républicain. Non seulement cette assertion est imbécile, mais pis que cela c’est une argumentation de cour d’école, façon c’est celui qui dit qui est. Si la droite avait réellement encore un peu d’honneur et de courage, si l’UMP avait encore quelque intérêt pour la défense des valeurs républicaines, elle ferait barrage au Front National, résolument, sans se préoccuper de savoir si la gauche prenait de son côté toute sa part dans ce combat des républicains contre les extrémismes et l’intolérance.
On rappellera ici utilement que la gauche avait elle, en 2002, quelques raisons de douter de l’intégrité républicaine d’un Jacques Chirac qui était à la fois l’homme du bruit et de l’odeur et l’homme des emplois fictifs du RPR et de la Mairie de Paris, l’homme de la cassette Mery, l’homme des frais de bouche, etc… Déjà la droite puait du cul, mais la gauche avait fait le job, au nom de la République et de ces valeurs qui sont supposées nous être communes.
Mais la droite désormais ne se contente plus de puer du derrière, elle pue aussi du devant. Voilà l’état dans laquelle se trouve, une droite sans plus ni courage ni honneur, une droite qui a capitulé. Lâchement. On ne peut plus désormais que lui souhaiter d’exploser et puis de se reconstruire, pour le plus grand bien de la République.