Suite à mon petit exposé d’hier sur la TVA «sociale» qu’a décidé de mettre en œuvre Nicolas Sarkozy, je m’aperçois que j’ai oublié de mentionner deux éléments de réflexion pas tout à fait inutiles.
A – D’abord, dire tout de même qu’une augmentation généralisée de la TVA est le meilleur moyen de sabrer encore plus le pouvoir d’achat des ménages français, donc de plonger un peu plus l’économie dans une crise de la consommation, donc d’obtenir la certitude que les quelques possibilités de croissance que la France possède encore d’être réduites à néant, donc de connaître un accroissement supplémentaire du niveau de chômage dans le pays. Ce qui aura alors un impact immédiat sur le pouvoir des ménages français, etc… En bref, augmenter la TVA, en sus d’être une injustice sociale profonde, est aussi d’une profonde stupidité économique.
D’ailleurs, en 1995 Alain Juppé avait commis cette même erreur. En augmentant la TVA de 18,6 % à 20,6%, l’économie française s’est deux ans plus tard retrouvée dans une situation économique telle que la droite alors au pouvoir, pensant devoir prendre des mesures d’austérité forcément impopulaires, s’était résolue à dissoudre l’Assemblée Nationale afin d’obtenir une nouvelle légitimité dans les urnes. La gauche l’emporta, Lionel Jospin devint premier ministre, prit immédiatement des mesures de relance de la consommation, dont une diminution d’un point du taux de TVA. La croissance revint, la dette diminua, le chômage aussi…
Et Alain Juppé – le meilleur d’entre eux ! – n’avait augmenté la TVA que de deux points. Dans le cadre du projet de TVA « sociale » François Fillon a parlé de l’augmenter de cinq points. Ces gens-là sont des incompétents !
B – Il y a ensuite cette question de la paternité de l’idée d’une TVA « sociale », question qui sème une certaine confusion : la gauche ne tremperait-elle pas un peu dans cette sale mesure ?
Et il est vrai que la TVA sociale est à l’origine une idée d’économistes de gauche. Mais voilà, il ne s’agissait pas tout à fait, et donc économiquement pas du tout de la même chose. Dans l’esprit de ces économistes, il s’agissait d’élargir l’assiette des cotisations sociales maladie et famille, qui actuellement ne reposent que sur la masse salariale, pour les faire reposer sur l’ensemble de la valeur ajoutée.