Rentrant chez moi de bon matin et fendant les rues d’un Paris cisaillé par une vague de froid, je me suis dit, « Tiens, Ségolène est encore sortie de son frigo. »
C’est que ça fait bien longtemps que j’ai compris que Madame Royal ne dit pas les choses parce qu’elle les pense, mais parce qu’elle pense que dire ces choses est favorable à son ambition. J’avais raison. Ségolène a donc rassuré les quelques naïfs qui avaient cru comprendre qu’elle ne l’était plus, ou ne le serait pas forcément, en annonçant qu’elle était de nouveau candidate à la défaite annoncée, celle de 2012.
Bon, me suis-je dit, allumons la radio et entendons comme elle a décidé de dérouler sa toute nouvelle intuition stratégie de communication. Elle n’est en général pas difficile à décrypter. Un quart d’heure plus tard, la synthèse en était plus qu’aisée : Après en avoir discuté avec Dominique [NDB : Strauss-Kahn] je suis candidate. [bla bla…] Et si je suis élue à la présidence de la République [Ô miracle !], Dominique [NDB : le même] sera mon premier ministre, tant il est pour moi évident qu’il n’y en a pas de meilleur que lui. [bla bla…]
Dit autrement : Ségolène a choisi de coller à son nouvel ami DSK afin de redorer une popularité en berne auprès de celle de l’actuel directeur du FMI qui elle est au plus haut.
Oui. Certes…
Mais alors je me demande : Comment les petits soldats de la ségolènie, qui nous expliquaient à longueur de temps et de textes plus ou moins allusifs que DSK était le grand méchant loup, le meilleur ami de Sarkozy, l’affameur du Monde et le suppôt zélé du grand capital, vont-ils désormais pouvoir justifier un ticket Ségolène-Dominique, sachant tout de même que le premier ministre est celui qui, à la tête du gouvernement, détermine et conduit la politique de la Nation ?
Je leur pose la question….
(Mais il n’y a pas que Ségolène qui en a eu assez d’avoir mis les bijoux au frais… Coïncidence ?)
J’ai oublié de vous dire : Le fond de ma pensée, c’est que Ségolène Royal ne croit plus vraiment en sa capacité à devenir présidente de la République, pas même en celle de franchir cette fois-ci l’obstacle des primaires – elle sait (ou du moins devrait savoir) avoir trop perdu en popularité comme en crédibilité. Aussi, parce qu’elle n’a en revanche rien perdu de son ambition, vise-t-elle désormais le poste de premier ministre. En lançant comme ça, l’air de rien, l’idée d’un ticket Royal-DSK, c’est en réalité manière de se positionner pour un éventuel ticket DSK-Royal – dont DSK ne voudra pas, mais qui pourrait bien finir par s’imposer à lui en cours de mandat…
Source : Ticket Ségolène DSK