Nicolas Sarkozy n’a pas de projet mais une méthode : opposer, diviser, cliver, stigmatiser, désigner des boucs-émissaires. Et qu’importe si la France devient un champ de ruines, pourvu qu’il puisse en demeurer le président.
Il propose donc d’organiser deux referendums. L’un sur l’immigration – ou plutôt sur les immigrés (qui prennent le travail des Français et égorgent des moutons dans leurs baignoires), l’autre sur le chômage – ou plutôt sur les chômeurs (des assistés et des fainéants, évidemment). Inutile d’aller le lui répondre sur ce terrain, la ficelle à l’épaisseur d’un tronc d’arbre, il ne suffit que de rappeler avec François Hollande que le prochain referendum c’est l’élection présidentielle.
Ou alors lui répondre par l’absurde, ainsi que s’en chargent très bien mes petits camarades, qui ont opportunément lancé la chaîne du Toi aussi fabrique ton referendum à la con. Un exercice S A V O U R EUX.
On n’oubliera cependant pas, donc, d’éviter de tomber dans le piège tendu par Sarkozy et qui vise à ce que nous détournions le plus possible nos regards des sujets importants, qui concernent le quotidien des Français et ses difficultés, qui concernent la situation économique et sociale catastrophique dans laquelle le président sortant s’apprête à laisser notre pays, qui sont tout l’enjeu de la prochaine élection présidentielle.
Si même nous pouvions détourner nos regards de l’élection présidentielle elle-même, ce ne serait pas pour lui déplaire. Il a parfaitement compris que l’abstention sera sa seule chance.
Les sujets importants, donc. L’éducation est un de ceux-là. Et là comme ailleurs, le bilan de Nicolas Sarkozy est accablant – et Vincent Peillon a mille fois raison de parler de dette éducative.
Hier, sur ce sujet, François Hollande a développé son projet et ses propositions. Il s’agit de procéder à une « refondation » du monde éducatif une , de mettre en oeuvre une « réforme globale », passant, notamment, par des créations de postes et des réformes dans l’enseignement primaire, la formation et le métier d’enseignant, ou encore les rythmes scolaires. L’école maternelle et l’enseignement primaire deviendrait « une priorité » pour un François Hollande qui déclare vouloir « remonter le taux d’encadrement » des élèves par les professeurs, « remonter le taux de scolarisation chez les enfants de moins de trois ans » ou encore créer une « obligation d’accueil pour le service public à partir de l’âge de trois ans ». Il s’agit de « remettre l’éducation et la jeunesse au coeur de l’action publique ».
Ce discours sur l’éducation, ce projet et ces propositions, cela fait dire au très sarkozyste Luc Ferry, ancien ministre de l’éducation nationale, qu’il est « consterné parce qu’[il a] trouvé ça très bien », ajoutant : « Que [François Hollande] revienne sur ces imbécilités qu’ont été la suppression des stagiaires, la suppression des RASED, la suppression des heures du samedi matin, tout ça est très bien. Et par ailleurs, je trouve que ce qu’il a dit sur la voie professionelle et la nécessité de créer une filière d’excellence dans la voie professionelle est très bien », précisant en outre que la création de 60 000 postes, « c’est pas cher payé, ça coûte 500 millions par an. Je rappelle simplement que la baisse de la TVA des restaurateurs, c’est 3 milliards par an », concluant par : « Globalement, c’est le meilleur discours sur l’éducation nationale que j’ai entendu depuis dix ans. »
Quant à Sarkozy, c’est peut-être Carla qui en parle le mieux :
Il nous dit que nos vies ne valent pas grand chose,
Et qu’à être chômeur il y a de notre faute,
Il nous dit tous égaux mais certains plus que d’autres,
Il fait dans nos valeurs place à la peur de l’autre
Pourtant quelqu’un m’a dit qu’il y croyait encore
On le dit prêt à tout pour rester alors
Est-il audible encore ?
Inspiration matinale empruntée à @ClaireH_2012
Crédit : Illustration géniale par SaT (mon compère illustrateur de la campagne de 2007, déjà, mais celle-ci finira mieux)