Avr 272011
 

Primaires au Parti SocialisteLe choix du candidat socialiste pour l’élection présidentielle de 2012, ce sera les 9 et 16 octobre 2011. Si vous vous êtes inscrits sur les listes électorales avant le 31 décembre 2010, vous aurez la possibilité de voter, moyennant une participation aux frais d’organisation de 1€ et la signature d’un texte d’adhésion aux valeurs de la gauche. Si vous êtes mineurs mais que vous aurez atteint vos 18 ans au moment de la présidentielle, vous pourrez également voter.

Avant cela, le dépôt des candidatures se fera entre le 28 juin et le 13 juillet. A l’issue de quoi débutera la campagne des primaires, plus spécifiquement à l’automne, juillet et août étant assez peu propices.

Cela étant posé, il nous reste deux mois pour conjecturer.

Aux impatients, je dirai que la politique est d’abord la capacité à maitriser le calendrier. C’est d’abord une question de gestion du temps. En ce sens Martine Aubry, à la tête du Parti Socialiste, s’est montrée excellente. Ne cédant rien aux impatiences médiatiques, les socialistes ont pris le temps de forger les bases d’un projet , plutôt complet (il sera affiné, par le candidat notamment), passablement ambitieux (il pourrait l’être plus encore), très sérieux (trop ?), ancré à gauche (même si…). Au résultat, ce projet reçoit un accueil globalement positif et le temps où il était convenu de gloser sur son absence est révolu et même oublié.

Il en sera de même pour les primaires. On trouvera long le temps qui s’écoulera jusqu’à ce que les candidatures soient enfin connues. Puis quand elles le seront, nous aurons oublié. La campagne paraîtra longue également, trop de petites phrases feront les choux gras d’une presse à l’affût de tout ce qui oppose, de tout ce qui relève plus du ragot que de la politique et des idées, et puis le peuple de gauche choisira son candidat et les plaies éventuelles cicatriseront. Nous serons à la mi-octobre, six mois nous sépareront encore du premier tour de l’élection présidentielle. Des mois qui alors nous sembleront bien longs encore.

Donc, pour patienter, conjecturons sur les candidatures.

Je suis pour ma part prêt à parier pour la configuration suivante :

  1. Dominique Strauss-Kahn, François Hollande et Arnaud Montebourg seront les trois candidats « sérieux » ;
  2. François Hollande l’emportera, de peu.

Ce pronostic repose quasi exclusivement sur le fait que DSK n’y résiste pas et finisse par y aller, convaincu par ses partisans. C’est en réalité une hypothèse très audacieuse, et donc fragile. Celle-ci étant néanmoins posée, tout le reste en découle.

Ségolène Royal qui sait n’avoir aucune chance, malgré ce qu’en disent ses propres partisans, s’effacera devant DSK auquel elle apportera un soutien mesuré, minutieusement calibré et négocié. Il est aisé d’imaginer que faute de parvenir à devenir présidente de la République, elle se verrait bien en premier ministre, plus probablement présidente d’une des deux assemblées, Nationale de préférence.

Martine Aubry, à regret sans doute, mais aussi parce qu’elle n’a pas franchement envie d’y aller, soucieuse de l’intérêt bien compris de la gauche, se ralliera à DSK et, si elle ne fera pas activement sa campagne parce que son rôle de premier secrétaire lui impose une certaine neutralité, lui apportera un soutien s néanmoins ans ambiguité.

Laurent Fabius sera le fer de lance de la candidature DSK, ce qui pèsera lourd tant celui-ci est un fin politique.

François Hollande est déjà candidat. Porter par une dynamique favorable, lui ne s’effacera pas. Il lui sera cependant assez compliqué de différencier sa candidature de celle de DSK, tant ces deux-là sont en réalité politiquement proches. Il possède toutefois deux atouts majeurs qui selon moi lui permettront de prendre l’ascendant. D’une part, il est bien meilleur à la tribune que son adversaire, et les militants y seront particulièrement sensibles. D’autre part, DSK devrait pâtir gravement d’une image droitière qu’il ne mérite certainement pas – il l’avait avant de prendre la tête du FMI, cela s’est aggravé depuis. Or il est assez probable que c’est sur la gauche que l’on se mobilisera le plus pour ces primaires, ce qui mécaniquement favorisera François Hollande.

Et puis, la politique ayant horreur du vide, la proximité politique de DSK et de Hollande, auquel s’ajoutera l’absence de Martine Aubry qui pour ne pas être très éloignée non plus a pourtant une image plus à gauche, ou disons plus gaucho-compatible, permettra à Arnaud Montebourg qui est un malin de profiter de l’espace vacant laissé sur la gauche. Plus libre, car en position d’outsider improbable, il aura l’opportunité de sortir de sa besace des propositions plus nouvelles et plus audacieuses, plus séduisantes dans le cadre d’élections primaires.

Au résultat, Arnaud Montebourg sera la surprise du premier tour. Cela ne lui sera pas suffisant pour aller plus loin ce coup-ci, mais cela le positionnera pour l’avenir. Il ne cherche rien d’autre.
Partant de là, François Hollande saura s’engouffrer dans la brèche, profiter de la dynamique Montebourg, de cet espace ouvert à sa gauche, et grillera sur le fil la politesse à un DSK qui aura finalement chèrement payé sa trop longue absence de la scène nationale.

Dans cette configuration, j’ignore où se situerait Benoit Hamon. La logique voudrait que DSK y allant mais pas Martine Aubry, il décide lui-même d’y aller, occuper cet espace laissé vacant à gauche et dont il est le représentant naturel depuis le Congrès de Reims. Sûr qu’Henri Emmanuelli voudra l’y inciter. Mais le temps aura joué contre lui et il sera un peu tard pour sortir du bois. Je ne le vois pourtant pas se rapprocher de Montebourg. Encore moins de DSK. Hollande alors ? Pas sûr…

Mais si DSK n’y allait pas ?

C’est là que ce serait le bordel. Ségolène Royal se sentirait aussitôt repousser des ailes – elle aurait tort, mais ce ne serait pas la première fois.
Soutenue par les DSKistes, Martine Aubry serait contrainte d’y aller. D’ailleurs elle ne laisserait pas le champ libre à Ségolène Royal, dont l’échec dramatique de 2007 ne saurait que se recommencer.
Arnaud Montebourg verrait son espace politique se rétrécir considérablement du fait de la présence de Martine Aubry.
Manuel Valls irait aussi, croyant voir un espace se libérer à droite.
Au final, François Hollande l’emporterait encore, sans doute. Mais la dynamique créée serait moindre.
Tout compte fait, je préfère l’hypothèse DSK.

J’ignore ce que peuvent penser de ce scénario mes collègues blogueurs. Appelons donc à la barre Rimbus, Le CoucouNicolas, Cycee, Melclalex, Gabale, Arnaud, Vogelsong, Juan, Romain, Sylvie, Ronald, AbadinteYann et les autres.