Benoît Hamon, porte parole du Parti Socialiste, a estimé lundi que Jean-Luc Mélenchon, héraut du Parti de Gauche qui ne ménage actuellement pas ses critiques vis-à-vis de son ancien parti, jugeait ce dernier « tout à fait fréquentable quand il s’agit de discuter de circonscriptions législatives ».
« Le Parti de gauche vient en délégation dans les semaines qui viennent, comme il est déjà venu, pour parler des législatives », a précisé Benoit Hamon. « Nous parlerons contrat de gouvernement et plateforme commune, avec plaisir, comme nous le ferons avec le PCF et les écologistes. Je souligne juste que le PS ne peut pas être à la fois complice d’une politique qui affame le peuple et en même temps tout à fait fréquentable quand il s’agit de discuter d’un contrat de gouvernement et de circonscriptions législatives ».
Ça n’a pas du tout plu à un Jean-Luc Mélenchon qui met décidément autant d’ardeur à montrer les dents qu’il rechigne à ce qu’on l’égratigne. « Benoit Hamon est un menteur », a-t-il répliqué, ciblant le passage dans lequel Benoit Hamon laissait entendre que des discussions sur les circonscriptions législatives avaient déjà commencé.
Peut-être. On ne saura jamais. Le point est que Jean-Luc Mélenchon sait pertinemment que si elles n’ont pas commencé, ces discussions, elles commenceront. Un jour ou l’autre. Le plus tôt sera le mieux. Il sait que la gauche a toujours, et c’est heureux, tenté de ne pas partir trop désunie dans les élections législatives, que cela suppose des discussions préalables et, dès lors qu’il s’agit de gouverner, de trouver un accord sur le fond. Surtout, il sait que c’est davantage dans l’intérêt des « petits » partis de la gauche que dans celui du Parti Socialiste, lesquels « petits » partis, en raison du mode de scrutin et de la position électoralement dominante du Parti Socialiste au sein de la gauche, seraient en l’absence de telles discussions assurés d’être absents du second tour dans la quasi totalité des circonscriptions.
Bref, le fond du propos de Benoit Hamon avait un certain sens, que Jean-Luc Mélenchon n’ignore pas et sur lequel il s’est bien gardé de réagir. Et le fait est, donc, qu’il est assez incohérent de sa part de tirer à boulets rouges sur les socialistes quand il aura à se montrer – mais il est vrai hors champ des caméras – bien plus accommodant avec eux lorsqu’il devra négocier des sièges pour sa formation, dont on peut d’ailleurs vouloir sincèrement espérer qu’elle ne soit pas tout à fait absente de la composition de l’Assemblée Nationale telle qu’elle sera issue des élections législatives de 2012.
Non ?
Mais Jean-Luc Mélenchon a été plus loin encore. Il a déclaré : « Les socialistes ont sept candidats et aucun d’entre eux n’a de propositions ». Ce qui est là pour le coup un mensonge éhonté et d’une toute autre portée, qui serait à même de valider le qualificatif de populisme qui le fait tant réagir pourtant.
Je ne vais pas ici énumérer les projets et/ou propositions des sept candidats dont il est question – d’ailleurs je ne sais pas même si je saurais trouver le nom de chacun. Invitons seulement ceux qui douteraient de l’énormité du mensonge de Mélenchon à s’en aller fouiner du côté de Répondre à Gauche pour ce qui concerne François Hollande, ou de celui de Désir d’Avenir pour l’impatiente Ségolène Royal, ou même – et peut-être surtout – directement sur le site du Parti Socialiste. On pourrait même ajouter que Bertrand Delanoë a aujourd’hui pressé les socialistes de s’emparer de l’outil de Révolution Fiscale mis à disposition par les économistes Camille Landais, Thomas Piketty et Emmanuel Saez.
Quel est l’intérêt de mentir sur la réalité des propositions socialistes ? De mettre là ses pas dans des traces imprimées par la droite et dans lesquelles se complait déjà toute la médiacratie ? Jean-Luc Mélenchon ne saurait-il en réalité que trop qu’il lui serait difficile de se différencier de ces anciens camarades socialistes sur le fond des propositions ? Que ce n’est pas sur le terrain des idées qu’il lui serait possible de prospérer ? Qu’il lui faudrait davantage privilégier la posture, fût-elle populiste et mensongère ?
Décidément, le bonhomme est décevant.
Il y a un an, presque jour pour jour, au cours d’un entretien avec des blogueurs, dont j’étais, il affirmait : « La critique [du Parti Socialiste] doit continuer, elle va continuer, mais c’est la façon de la dire et de l’exprimer qui ne doit pas être contre performante. » Depuis, il semble ne plus être intéressé par d’autre performance que la sienne.
Dix ans plus tôt, Jean-Pierre Chevènement s’enfermait dans la même posture et le même piège. Au bout du chemin, il y avait un certain 21 avril dont la gauche n’est toujours pas remise – et duquel Chevènement ne survécu pas.
On peut souhaiter à Jean-Luc Mélenchon un autre destin.
A la gauche aussi.
D’abord à la gauche.
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Source : Jean-Luc Mélenchon est un menteur