Jan 212011
 

Jean-Luc Mélenchon annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2012.

Et Marine ?

 

Plantu caricature Mélenchon en populiste Plantu caricature Mélenchon en néo populiste. Tout le Front de gauche s’offusque. Jean-Luc Mélenchon hurle à l’infamie, va jusqu’à écrire :

« J’aimais bien Plantu, je collectionnais ses albums, il faisait parti de mon paysage quotidien comme pour beaucoup de gens. Il me dégoute à présent puisque je sais qu’au milieu de son talent il est aussi capable de ça. Comme une tare cachée qui se donnerait à voir par surprise et changerait de fond en comble tout ce que l’on croit savoir de quelqu’un. Camarades, n’oubliez plus jamais qui est Jean Plantu. »

Subtilité et nuance, comme toujours… « Une tare cachée » ? On frôle la caricature là, non ? Ne pointerait pas comme une légère, très légère outrance ? Un brin de populisme, peut-être ? Ou ce que l’on pourrait caricaturer comme tel ?

Mélenchon affirme : « La caricature a pour méthode de grossir le trait, de surligner. Pas de travestir. »  Oui, admettons. Mais alors qui détermine ce qui relève du grossissement et ce qui relève du travestissement. Certainement pas le caricaturé lui-même !

Populiste, Mélenchon ? Son grossissement ?

Le populisme désigne un type de discours et de courants politiques, critiquant les élites et prônant le recours au peuple (d’où son nom), s’incarnant dans une figure charismatique et soutenu par un parti acquis à ce corpus idéologique.

[…]

Le populisme met en accusation les élites ou des petits groupes d’intérêt particulier de la société. Parce qu’ils détiennent un pouvoir, le populisme leur attribue la responsabilité des maux de la société : ces groupes chercheraient la satisfaction de leurs intérêts propres et trahiraient les intérêts de la plus grande partie de la population. Les populistes proposent donc de retirer l’appareil d’État des mains de ces élites égoïstes, voire criminelles, pour le « mettre au service du peuple ». Afin de remédier à cette situation, le dirigeant populiste propose des solutions qui appellent au bon sens populaire et à la simplicité. Ces solutions sont présentées comme applicables de suite et émanant d’une opinion publique présentée comme monolithique. Les populistes critiquent généralement les milieux d’argent ou une minorité quelconque (ethnique, politique, administrative etc.), censés avoir accaparé le pouvoir ; ils leur opposent une majorité, qu’ils représenteraient.

J’aime beaucoup Mélenchon, du moins ce qu’il représente ou tente de représenter. J’apprécie beaucoup moins sa stratégie politique, ou du moins je n’en suis pas dupe. Je me souviens par exemple que Jean-Luc Mélenchon était un cadre du Parti Socialiste, il n’y a encore pas si longtemps, et je sais qu’il n’y a pas moins crédible que la critique outrée du repenti.

Mais voilà, il lui faut bien exister, et d’abord médiatiquement. Jean-Luc Mélenchon est contraint à la surenchère, contraint de se caricaturer lui-même, de caricaturer sa pensée et de finalement donner dans le simplisme. Sa critique du système médiatique, par exemple, est construite et intéressante, mais à force de répétition et d’excès, l’expression de cette critique en est devenue, oui, parente d’un certain populisme. Et à la fin, ce que l’on finit par entendre dans ce cri  répété à l’envi et dont il a fait le titre de son livre, « Qu’ils s’en aillent tous ! », l’écho lointain d’un sinistre et facile et dangereux « Tous pourris ! ».

D’où la caricature et qui n’est que cela, une caricature. Et Plantu n’est rien d’autre qu’un caricaturiste, pas soudain ce caricaturiste que l’on aimait bien avant qu’il s’en prenne à nous et qui soudain est affublé d’une « tare cachée ».

Nous avions eu les cathos intégristes, qui hurlèrent contre les caricatures de la Vierge Marie, les musulmans intégristes, qui se déchainèrent contre les caricatures de Mahomet, les sarkozistes intégristes, qui eurent la peau de Guillon et Porte. Mélenchon serait-il donc devenu le chevalier blanc et intouchable de la gauche intégriste ?

Ressaisissez-vous, camarades !

(gardons seulement en mémoire qu’aujourd’hui Jean-Luc Mélenchon s’est autoproclamé candidat à l’élection présidentielle.)

 

source : Mélenchon, caricature et populisme