Dimanche 16 décembre, grande manifestation pour l’égalité des droit, en soutien du projet de loi instaurant l’accès au mariage civil pour tous et pour toutes.
Rendez-vous à 14h Place de la Bastille, à Paris.
Pour qu’en 2013, la France épouse (enfin) le progrès.
Mais aussi, parce que quand les forces réactionnaires se mobilisent et, surfant sur des sentiments homophobes plus ou moins assumés, profèrent les pires insanités, nous avons le devoir de parler plus fort qu’eux.
Parce qu’il ne s’agit pas de laisser seuls les homosexuels se dresser contre les homophobes, nous sommes tous concernés. Et moi-même qui ne suis à la fois ni homosexuel ni un fervent adepte de l’institution du mariage, je serai ce dimanche dans la rue pour défendre le droit à se marier de tous ceux qui s’aiment.
Avoir des enfants ? On n’a pas des enfants, on ne les possèdent pas, on les fait et puis, surtout, on les aime et avec ça, l’amour qu’on leur porte, on les conduit vers l’âge adulte. Être capable d’amour, voilà la seule condition nécessaire pour être à même de s’atteler à cette tâche. Dit autrement, le désir d’enfant est en la matière tout ce qui compte.
La nature veut un homme et une femme, argumentent-ils. C’est faux. La nature exige qu’à l’origine de tout être, de sa conception, soient un spermatozoïde et un ovule, et la rencontre des deux. Or le miracle ne se situe pas dans cette rencontre – celle-ci est finalement assez prosaïque et elle ne le serait pas davantage parce qu’elle serait médicalisée -, le miracle se situe ensuite et il est double. Il y a d’abord le miracle de la nature qui, de cette rencontre, produit la vie et puis, neuf mois plus tard, un enfant. Il y a ensuite cet enfant qui devient lui-même et peu à peu s’émancipe, et ce n’est pas là le moindre des miracles. Or je défie quiconque de prétendre savoir la recette du succès, connaître les ingrédients qui font qu’un être humain trouve cet équilibre sans lequel aucun bonheur n’est possible. L’amour est un de ceux-ci, mais nul ne peut prétendre avoir une idée précise de ce que sont les autres.
Un papa et une maman ? Mais qu’en savons-nous ? Un enfant qui a un papa et une maman a en effet besoin de son papa et de sa maman – et nombre de pères largement absents pourraient à ce sujet s’interroger sur eux-mêmes, sans pour autant que la loi s’autorise à les contraindre, voire à leur interdire d’avoir des enfants… Mais l’enfant qui n’a pas de papa, ou pas de maman, c’est-à-dire qu’il n’a désigné personne comme son papa, ou comme sa maman, pourquoi, au nom de quoi cela lui serait un handicap ?
Ce qui peut rendre les choses très difficiles, c’est d’avoir à s’occuper seul, ou seule, d’un enfant. Je ne vais pas m’étendre sur les raisons, elles sont assez évidentes dès lors que l’on comprend que la charge d’un enfant impose de prendre dix décisions par jour, petites ou grandes, et qu’assumer cette responsabilité sans cesse renouvelée, comme les tensions que cela génère, voire les crises, est bien plus confortable quand deux personnes peuvent se reposer l’une sur l’autre. Seul, ou seule, c’est une responsabilité bien lourde. Il ne vient pourtant à personne l’idée d’interdire aux femmes seules d’avoir des enfants, et pourquoi pas d’interdire les divorces, ou de faire condamner les pères absents…
Chacun fait au mieux avec la situation dans laquelle il se trouve et nul ne peut prétendre qu’il existerait une situation idéale, ou même plus favorable qu’une autre. Le désir d’un enfant et un ou des parents aimants, voilà tout ce qui compte.
Parce que si l’on voulait normer, il faudrait par exemple s’intéresser au cas de ces familles catholiques qui refusent la contraception et se retrouvent à élever une multitude d’enfants. On pourrait par exemple considérer qu’au-delà de disons cinq enfants l’élevage devient ingérable et qu’il faut contraindre la mère à se faire ligaturer les trompes. Pourquoi la mère, me direz-vous ? Parce que quite à donner dans la provocation, je choisis de ne pas le faire à moitié.
Bref, il est temps que la France mette ses lois en conformité avec son époque, qu’elle cesse de se cramponner à des mythes normatifs largement forclos, qu’elle accorde à tous des droits injustement réservés à certains. Cela passe par une mobilisation massive ce dimanche 16 décembre, dans la joie, la bonne humeur et l’ouverture d’esprit.