J’aurais voulu une autre campagne de second tour.
J’aurais voulu mettre l’accent sur les grandes qualités du projet de François Hollande. Parler de sa solidité en matière économique, de son volontarisme en matière sociale, de son ambition écologique. Evoquer les ruptures fiscale et financière, le rééquilibrage entre la fiscalité du travail et la fiscalité du capital, la remise au pas des banques et de la finance.
Parler de laïcité et d’égalité, de justice et de tolérance, de moralisation de la vie politique. Evoquer le mariage pour tous, l’égalité salariale entre hommes et femmes, le droit de vote aux élections locales comme instrument d’intégration et de lutte contre le communautarisme et le repli sur soi.
J’aurais pu même souligner certaines inquiétudes quant à ce projet ou sa mise en oeuvre. Dire mon espoir que François Hollande, devenu président, se révèle et se montre à la hauteur à la hauteurs des enjeux et des défis, notamment sur les questions financières et européennes, sur les questions d’écologie et de fiscalité, sur la question sociale.
J’aurais voulu interroger cette gauche qui se voudrait aiguillon sur sa capacité à n’être pas que cela, mais être un partenaire également, être un soutien certes exigeant mais un soutien quand même. L’interroger sur sa volonté à entrainer le peuple derrière François Hollande comme elle espérait le faire derrière Jean-Luc Mélenchon, pour lui donner la force nécessaire afin d’imposer la politique à l’économique, imposer la suprématie du peuple sur la finance. Parce qu’en effet rien ou peu ne saurait être fait sans le peuple.
MAIS !
Mais aujourd’hui, je vois surtout le danger – et il ne faudrait surtout pas l’exclure – que demain parvienne au pouvoir en France une alliance du sarkozysme et de l’extrême-droite. Et ça c’est suffisamment terrifiant pour mobiliser tous les républicains, d’où qu’ils viennent, afin d’éviter qu’une telle catastrophe ne survienne pour notre République et ces valeurs communes qui nous sont chères.
Le discours de Sarkozy hier soir était à ce titre glaçant d’opportunisme et de cynisme politique. Et l’UMP lui a aussitôt emboité le pas comme un seul homme, autant de braves petits soldats prêts à collaborer avec l’immonde afin non seulement de sauver le chef d’une défaite annoncée, mais également de préserver leurs postes de députés – ce qui ne saurait passer que par des alliances avec le Front National.
Oui, le danger est grand aujourd’hui de voir la France livrée aux mains de cette alliance devenue à bien des égards naturelle entre le sarkozysme et l’extrême-droite. Les voilà ensemble déjà se gargariser d’un amour de la patrie dont ils voudraient faire croire qu’ils ont le monopole. Les voilà déjà ensemble à se gargariser des valeurs du travail et de la famille, comme s’ils en étaient les seuls garants.
Mais en réalité ils n’aiment pas la France, parce qu’ils ne l’aiment pas telle qu’elle est. Ils aiment une France qui n’existe pas – et n’a jamais existé d’ailleurs. Une France repliée sur elle-même, blanche de peau, dominée par les hommes et dont les seules racines seraient chrétiennes – ce qui, soulignons-le en passant, est une aberration historique, un pur fantasme xénophobe. Ils disent amour de la patrie, mais c’est parce qu’en vérité ils détestent la France, cette France ouverte et généreuse, tolérante et multiculturelle, laïque, cette France métissée et qui est riche de cela, de nos différences.
La France, ils la détestent. Ne la leur livrons pas.
Voilà le combat que nous devons mener ensemble ces quinze prochains jours et jusqu’au 6 mai, parce que nous sommes d’abord des républicains. Un combat, un esprit de responsabilité et de résistance qui exige que nous nous rassemblions par-delà nos divergences politiques, aussi grandes soient-elles. Il est des chemins sur lesquels nous savons ne devoir jamais nous engager. Car nous savons où ils mènent.
Le 6 mai prochain, le seul acte responsable pour qui aime vraiment la France, le seul vote républicain, ce sera le vote pour François Hollande.