Ronald a donc l’immense honneur d’avoir reçu une convocation de la Brigade de Répression de la Délinquance contre la Personne, agissant sur commission rogatoire délivrée par le Tribunal de Grande Instance de Paris, au chef d’injure publique envers un particulier, sur plainte déposée par Marine Le Pen.
Injure publique envers un particulier ?
Ronald a tenu les propos suivant sur son blog : « Hollande peut et doit rebondir. Sinon c’est la truie lepeniste qui va en profiter ».
La truie lepéniste. Il faut croire que Marine Le Pen se sera senti visée. J’ai illustré ce billet d’une image de truie, afin que chacun puisse se faire une idée : Marine Le Pen pouvait-elle légitimement se sentir visée et pourquoi ?
Ce n’est en tout cas pas moi ce que je lis. Je ne lis pas la truie Le Pen. Encore moins Marine, la truie. Et si mon parler français n’est pas celui d’un arabe (je tente de m’adapter à une audience potentielle à laquelle je ne suis pas habitué), la truie lepéniste désignerait plutôt le Front National tout entier – et il ne me semble pas que Marine Le Pen soit tout le Front National à elle toute seule, ne lui en déplaise.
Cela fait d’ailleurs plutôt sens. Un Front National engraissé par un certain empressement médiatique et le bruits de bottes des populismes… engraissé comme le serait une truie par les ordures du fermier. Le Front National, les idées que ce parti véhicule, Marine Le Pen à sa tête – son père avant elle.
Du coup, je me renseigne un peu. J’apprends donc qu’une truie n’aime rien tant que se rouler dans sa propre fange, ce qui est plutôt répugnant. Mais aussi qu’au terme de la période d’engraissement, la truie a atteint le poids idéal qui la conduit à l’abattage, ce qui pour le coup est plutôt réconfortant. Du moins pour qui partage ma répulsion pour le Front National – la personne de Marine Le Pen m’indifférant profondément, tant elle n’est que la figure de proue, le visage grimé et à peine avenant (soit dit sans offense) de son parti, au mieux la marionnette insignifiante d’une poignée de fins-de-race pétris par une aigreur qui les dévore, tous ces nostalgiques d’une grandeur française largement fantasmée, une bande de couards qui ne s’avancent jamais que masqués. Ils ressassent une grandeur, mais ils sont tout petits – si petits qu’ils se savent en voie de disparition, ce qui d’ailleurs est tout ce qui les tourmente.
Marine Le Pen a cru se reconnaître dans cette truie lepéniste évoquée par Ronald, elle y a compris une injure proférée contre sa personne et a choisi très stupidement de porter plainte. Venant d’ailleurs que du Front National, je trouverais plutôt triste pour quelqu’un d’avoir une image aussi dégradée de soi-même. En l’occurrence, cependant, je dois confesser que je trouve l’affaire assez cocasse, tant cela me conforte dans la conviction que j’ai que les idées moisies murissent de préférence dans des cerveaux qui ont trop longtemps mariné [sic…] dans le jus aigre de la haine de soi et de la peur de l’autre.
Et nous voici donc aussitôt revenus à nos cochons. J’en profite donc pour m’étendre un peu. Avec un manque d’élégance parfaitement calibré, j’ai parlé plus haut de fins-de-race, et de l’aigreur qui façonne ces cochons-là – mais les truies aussi. Haine de soi et peur de l’autre sont en effet les mamelles d’où suinte le jus aigre qui leur coule au fond du gosier et se répand dans leurs veines tel un poison bleu. Un sang empoisonné, une dégénérescence de la pensée, l’impossibilité de s’adapter, d’évoluer, de survivre : une fin de race. Et un manque d’élégance très justement calibré, donc.
Bref, si l’on nous certifie que dans le cochon, tout est bon, gageons que dans la truie, tout est moisi. Et que Marine Le Pen se rassure, ce n’est toujours pas d’elle qu’il s’agit. Au mieux, Marine Le Pen serait la synecdoque de ce Front National qu’elle voudrait tant incarner. Il conviendrait alors de souligner qu’à vouloir tant incarner, tant personnifier, tant surjouer la culture du chef, tant se complaire dans le népotisme, on s’expose nécessairement à de tels raccourcis métonymiques.
Et puis il faut bien le reconnaître, elle-même riche héritière, outrageusement blonde, joufflue à souhait, arborant un sourire indubitablement carnasssier et peinant à dissimuler une irréductible crispation de l’esprit, Marine Le Pen – c’est-à-dire son personnage politique, car encore une fois sa personne n’est que de peu d’importance dans le débat public – Marine Le Pen est la parfaite caricature des idées nauséabondes que son parti véhicule. A ce point nauséabonde que l’on pourrait en effet s’imaginer dans une porcherie.
Le temps de rédiger ce billet qui est avant tout l’expression d’un soutien très amical à Ronald, parce que c’est toujours une épreuve que d’avoir à répondre à une convocation policière ou judiciaire, Juan, Seb et Nicolas, mais aussi Arnaud, Fred et Pierre-Alain ont publié leurs propres billets.
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