Je viens de lire un article étrange, intitulé Pourquoi si peu de femmes dans la blogosphère ?
La première chose qui m’a intrigué est que l’auteur, qui en l’occurrence est une auteur, et pas une « auteure » et encore moins une « auteuse » !, débute ainsi :
Un blogueur sur deux serait une femme.
Ce n’est pas l’impression que donnent les classements des blogs influents.
D’abord, moi j’aurais écrit : Un blogueur sur deux serait une blogueuse. Ça me semble plus équilibré comme formulation, moins conforme à un machisme millénaire et que révèle cruellement la langue française. Mais bon je ne suis pas une femme, je ne vais pas chipoter…
Non, ce qui m’a intrigué en premier lieu est que, si un blog sur deux est tenu par une femme, pourquoi titrer sur l’absence de femmes dans la blogosphère ?
Aussi, supposant qu’il y avait là une charmante subtilité qui m’avait échappée, ai-je porté une attention plus soutenue aux développements de l’article – parce qu’au début je lisais ça d’un oeil distrait comme je le fais toujours pour les trucs de filles écrits pour les filles (j’ai toujours préféré Henry James à Edith Wharton).
J’ai alors compris que le problème qui était discuté n’était pas tant le manque de filles dans la blogosphère, ni même le fait qu’elles seraient moins lues, que le fait qu’elles n’apparaissent pas, ou si peu, dans le classement Wikio… dont tout le monde sait par ailleurs qu’il ne signifie pas grand-chose puisqu’il repose en réalité essentiellement sur la capacité des blogs classés à faire du copinage par un échange réciproque et soutenu, souvent abusif, de liens.
On pourrait en déduire que l’absence des blogs de filles dans ledit classement n’a aucune importance, puisque le classement wikio ne signifie pas grand-chose, et en particulier ne donne que peu d’indications sur une supposée influence, concept éminemment pompeux et flou. Trouver là aussi, peut-être, une preuve supplémentaire que le concept de bande de potes est assez spécifiquement un mode de fonctionnement masculin – les filles préférant se crêper le chignon en poussant des petits cris. Voire, et à la limite, on pourrait parier sur une sur-représentation de la communauté gay dans le classement wikio, mais alors il faudrait procéder à un comptage hasardeux que la déontologie et la jurisprudence Edvige ne nous autorise pas à faire…
Pourtant, tel n’est pas le propos de l’article, lequel préfère pérorer autour d’une théorie fumeuse auquel je n’ai pas compris grand chose (mais ma mère était blonde) selon laquelle tout petits déjà les garçons courent après des ballons… Je vous explique : l’idée est que si vous lancez un ballon en l’air dans une cour d’école, tous les garçons se précipiteront pour l’attraper tandis que les filles s’en désintéresseront comme de leur première petite culotte et préféreront continuer à parler chiffons ou tricot. Expérience dont il faudrait donc conclure, selon l’auteur de l’article et par ailleurs blogueuse féministe influente, que c’est la raison pour laquelle les filles ne jouent pas autant que les garçons à être wikio-influentes…
Oui, moi non plus je n’ai pas compris (ma mère, je vous dis !)… Et si par exemple on remplace le ballon tout gris tout moche, disons par une robe de princesse avec des strass, un flacon de parfum ou un tube de rouge à lèvres ?
Tenez, et si c’était un truc qui brille qu’on jetait au milieu de la cour de l’école, que croyez-vous qu’il arriverait ?
« Les femmes n’aiment pas les mêlées » nous expliquent la blogueuse, auteur talentueuse de l’article, laquelle se trouve par ailleurs dotée d’un extraordinaire sens de l’humour (je sais, je me raccroche aux branches) : n’a-t-elle donc jamais été présente à un mariage au moment crucial et attendu de toutes où la mariée heureuse lance au beau milieu d’une foule hystérique de célibataires son petit bouquet fleuri ?
Et l’arrivée des Beatles à l’aéroport de Londres après leur séjour en Amérique, ça vaut pas un bon vieux match de foot au stade du Heysel ?
A moins que n’y soit pour quelque chose le fait que 25% des requêtes mondiales sur internet soit lié au sexe ? Le mot-clé « filles nues », par exemple, intéressera vraisemblablement davantage les garçons et les orientera tout aussi vraisemblablement davantage vers des blogs de garçons, lesquels ne rechignent pas à l’occasion à jouer de l’effet d’aubaine, parait-il.
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Source : Blogs de filles (nues) |