« […] Comme les 50.000 euros ne suffisaient pas, Maistre s’est rendu – ou a envoyé quelqu’un, je ne sais pas – en Suisse, pour prélever en urgence le complément, à savoir 100.000 euros. D’après ce que j’ai compris, il n’a pas puisé dans le compte de Vevey mais plutôt dans celui de Genève. De toute façon, il allait toutes les semaines en Suisse… Ensuite, Maistre m’a dit qu’il allait très vite dîner avec Eric Woerth afin de lui remettre, « discrètement » comme il m’a dit, les 150.000 euros. Et le dîner a bien eu lieu très rapidement… »
« Nicolas Sarkozy recevait aussi son enveloppe, ça se passait dans l’un des petits salons situés au rez-de-chaussée, près de la salle à manger. Ca se passait généralement après le repas, tout le monde le savait dans la maison. Comme M. et Mme Bettencourt souffraient tous les deux de surdité, ils parlaient très forts et de l’autre côté de la porte, on entendait souvent des choses que l’on n’aurait pas dû entendre. Encore une fois, tout le monde savait dans la maison que Sarkozy aussi allait voir les Bettencourt pour récupérer de l’argent. C’était un habitué. Le jour où il venait, lui comme les autres d’ailleurs, on me demandait juste avant le repas d’apporter une enveloppe kraft demi-format, avec laquelle il repartait. Je ne suis pas stupide quand même, inutile de me faire un dessin pour comprendre ce qu’il se passait… ».
C’est une petite partie de ce qu’a confié Claire T. au journal en ligne Mediapart
Claire T. est l’ancienne comptable de Liliane Bettencourt et de la société Clymène, qui gère la fortune de la milliardaire. Elle l’a été de mai 1995 à novembre 2008, date à laquelle elle fut licenciée, ses employeurs lui reprochant d’avoir « mal » témoigné devant la police dans le cadre de la plainte pour « abus de faiblesse » déposée par la fille de la milliardaire.
Ça commence à faire beaucoup, probablement trop ! Tout homme politique responsable devrait désormais s’interroger sur sa capacité à conduire les affaires de l’Etat quand un faisceau de suspicions jette à ce point le discrédit sur sa capacité à être un républicain irréprochable. Manquement à l’éthique, collusion avec les forces de l’argent, financements illégaux, renvoi d’ascenseur fiscal… Oui trop de suspicions pour demeurer président, pour espérer avoir la nécessaire confiance du peuple dont il est censé être l’irréprochable représentant et dont il détient son pouvoir d’agir.
Mais Nicolas Sarkozy n’est précisément pas de ses grands hommes d’Etat qui se sachant démocratiquement disqualifiés ont, au moins cela, l’élégance de savoir s’effacer devant les intérêts supérieurs de la Nation, donc abdiquer leur pouvoir et démissionner de leurs postes.
Eric Woerth devra être déposé et le sera bientôt, c’est désormais entendu. Mais ce ne sera pas suffisant, c’est la démission de Nicolas Sarkozy qui seule saurait mettre fin au déclin politique, économique et social de la France, d’une République Française asphyxhiée, rongée, gangrénée par un sentiment de corruption généralisé du pouvoir.
Source : Démission !