Et si grâce au blog le roman-feuilleton était un genre littéraire appelé à renaître, à redevenir populaire ?
Le fait est que la page de blog par son format apparaît particulièrement adaptée à de telles publications. Le fait est que la presse papier, trop occupée à survivre, dédaigne de donner encore à lire de la fiction à ses rares lecteurs. Le fait est surtout que l’internette regorge d’expérimentations littéraires nouvelles, comme de talents.
Le fait est que Michel Grimaud a du talent. C’est normal, ils sont deux. Un couple qui a depuis longtemps pris l’habitude d’écrire à quatre mains – comme quoi la révolution sexuelle de 1968 a donné à toute une génération de bien perverses manières de s’aimer – et longue est aujourd’hui la liste de leur production littéraire, qui a exploré du roman policier à la science-fiction en passant par la littérature jeunesse.
Ils se nomment Marcelle Perriod et Jean-Louis Fraysse et l’un des deux est aussi le Coucou, dont peut-être vous connaissez déjà le blog, où la forme et le style – aussi singulier que reconnaissable – ne le cèdent jamais au fond (mais j’ai déjà évoqué ce glorieux mois de mai).
Je ne saurais vous faire le pitch de L’étrange et véridique histoire de la famille Poussegrain. Si le roman-feuilleton en est déjà à son neuvième épisode, je ne sais combien d’autres encore viendront nous régaler, d’abord, et surtout chaque nouvel épisode est l’occasion pour le narrateur, et sa femme, de nous surprendre, de nous prendre à rebours – même si l’on ignore encore si c’est ainsi que Juste Poussegrain aura fini par prendre la Blanche.
Disons seulement, évitant de trop déflorer l’histoire, qu’il s’agirait d’une sorte de roman historique dont le héros, né avec la première République et la Terreur, et ayant grandit dans le sillage des campagnes napoléoniennes, serait Juste Poussegrain, pour le moment. Orphelin de père, guillotiné, et élevé par sa mère, vivandière de son état, qui eut préféré avoir une fille et l’appellait volontiers Justine, ou salope, pour l’humilier, l’enfant Juste se voit contraint de devenir Justine pour éviter d’avoir à se transformer en chair à canon, ce qui aurait été plus déplaisant encore. Et c’est ainsi, affublé de jupons, que notre héros – pour le moment – chemine à travers la grande Histoire et les champs de batailles vers ses premiers émois.
Neuf perles sont désormais enfilées sur le fil d’une grivoiserie subtile, et il ne fait aucun doute pour moi que cela va nous faire un ravissant collier. La langue est belle et l’histoire délicieuse, qui se déroule sur un fond d’humour gaillard, parfois licencieux, quand un érotisme torride fleurit sur le bord d’un chemin parsemé de cadavres putrides.
Mais il suffit : lisez donc !
Avant cela, pourtant, pensez vous aussi à faire connaître un roman-feuilleton qui le vaudra bien. Cliquez par exemple sur ce joli bouton pour promouvoir ce billet sur Wikio :
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Je ne voudrais cependant pas conclure sans citer quelques mots de celui qui, si la blogosphère était une secte, serait sans aucun doute son gourou et notre protecteur, un exemple et un guide – François Fillon dirait un mentor -, Guy Birenbaum :
[…]
Visiblement, Enthoven ne sait pas qu’ici est infini.
Que des dizaines, des centaines de milliers, de millions (?) de blogs composent une Toile sans aucune limite.
Et que de liens en liens, de blogroll en blogroll, chacun peut trouver ce qu’il ne cherchait pas…
Je n’aime rien tant que flâner chez les uns ou chez les autres, exactement comme, autrefois, je trainais chez les bouquinistes pour découvrir des trésors.
Je croise, chaque jour, de la matière en fusion.
Des gens qui vivent, qui écrivent.
[…]
Combien de fois suis-je tombé sur des textes magnifiques, étonnants, effrayants, énervants, injustes mais vierges de tout écho ?
Dans ces lieux qu’ignore le philosophe règne un silence de cathédrale.
[…]
A cette heure, dans la cathédrale de Michel Grimaud, la Blanche a glissé la main sous la jupe de Justine et c’est Juste Poussegrain qui s’apprête à perdre son pucelage. Il serait dommage cependant de ne pas entrer dans l’aventure par son commencement.
Source : Connaissez-vous Juste Poussegrain ?