Libération sexuelle – Lulli, chapitre 7
Julie n’a aucune nouvelle de la maternité. Elle ne sait rien de l’accouchement de Louise et ignore même si celle-ci a accouché. À son réveil, Nicolas s’étonne de trouver Julie à côté de lui, dans le lit de ses parents, elle lui rappelle brièvement les évènements de la nuit et le petit garçon fait : « Ah oui ! je me rappelle », puis il change de sujet.
Au cours du petit-déjeuner, et plus encore maintenant sur le chemin de l’école, Nicolas se montre plutôt prolixe. Il bavarde, sans rien dire de particulier, avec entrain, comme pour se débarrasser de mots dont il n’a pas l’utilité et qui l’encombrent, comme s’il ressentait le besoin de se délester du superficiel et de l’anecdotique avant de pouvoir atteindre à l’essentiel qui le tourmente, qui se trouve comme coincé en travers de sa gorge et qui s’agite jusqu’à par moments lui faire mal dans l’estomac. Julie le connaît bien, il suffit de le laisser se vider, de savoir que les paroles importantes viennent ensuite.
Main dans la main, ils avancent lentement sur le chemin de l’école et on les dirait ralentis par la brume, tenace ce matin. Le soleil ne chauffe guère, il a dû même pleuvoir un peu tout à l’heure car le bitume est humide sous leurs pas. Nicolas discourt à n’en plus finir et Julie ne parvient à l’écouter que d’une oreille distraite, incapable de garder son attention à l’enfant. Elle a peu dormi cette nuit, a eu son propre lot d’émotions. Elle est fatiguée et le flot des paroles de l’enfant ne lui parvient qu’à travers l’épais brouillard de ses propres pensées vagabondes. De temps à autre, quand elle croit détecter que le petit garçon l’interroge, à un silence prolongé ou parce qu’il a tiré sur sa main pour s’assurer qu’elle l’a bien entendu, Julie répond évasivement, oui ou non, un peu au hasard. Le petit garçon semble s’en satisfaire, qui déroule imperturbablement le fil de sa logorrhée.
Ils sont parvenus à proximité de l’école quand, déchirant un large pan de brume, le soleil les inonde de sa chaleur soyeuse. Il fera beau tout à l’heure, se réjouit Julie. Tout paraît tellement plus facile sous le soleil – à Paris plus qu’ailleurs, songe-t-elle. Quelques rayons suffisent pour que la ville tout entière semble renaître au bonheur, les murs paraissent moins gris, les pigeons moins sales et les Parisiens plus gais, plus vivants, moins accablés par le poids du quotidien. Elle-même déjà sent un peu de sa fatigue qui l’abandonne, comme aspirée par la paille d’un rayon de soleil : elle n’en dormira que mieux sans doute, tout à l’heure.
« Lulli, je ne vais pas pleurer aujourd’hui pour entrer dans l’école. Non, je ne vais pas pleurer. »
[…]
Lulli est mon premier roman, que j’ai résolu de publier sous forme de livre électronique (format .epub) et de diffuser via ce blog au rythme d’un chapitre par semaine.
Nous en sommes au chapitre 7, sur les 12 chapitres que compte ce roman, et vous venez d’en lire les premières lignes. La suite est à lire sur iPhone, iPod Touch, IPad ou toute liseuse supportant le format epub : Cybook, Sony Reader, Kindle…
Si vous prenez l’aventure en route, vous pouvez préférer la reprendre depuis le début…
A la suite de chaque billet de présentation, les commentaires vous permettent, si vous le souhaitez, de partager entre vous – et avec moi – vos impressions de lecture, au fil de celle-ci ou bien à son terme (qu’il soit prématuré ou non).
Bonne lecture !
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Source : Libération sexuelle
(A suivre : Lulli, chapitre 8…)