Voilà une comédie de Shakespeare bien peu connue en France, et c’est en soi un plaisir que de découvrir cette pièce. Lorsqu’en sus c’est l’excellent Declan Donnelan qui se charge de la mettre en scène et d’en confier la représentation à une troupe de comédiens anglais tous sublimes, il y a de fortes chances que le plaisir devienne bonheur.
Cymbeline est roi de Bretagne. D’un premier mariage, il a une fille nommée Imogène qu’il souhaite marier à Cloten, le fils de sa seconde épouse. Mais Imogène aime et épouse en secret Posthumus, un roturier qui n’aura pas l’heur de plaire au roi ni à son épouse. Posthumus est banni et la fidélité des amants est mise à l’épreuve de leur séparation : suspicions, intrigues, complots et trahisons seront au menu… jusqu’à cet incroyable final dont Shakespeare à le secret où les fils se dénoueront, invitant chacun à pardonner à sa chacune.
Ce n’est pas précisément la meilleure pièce de Shakespeare, ni même sa meilleure comédie. Assez loin de là en vérité. Mais la maîtrise de Donnelan – une mise en scène tendue et inventive, limpide et dynamique, parfois délirante – combinée à la virtuosité des comédiens – qui exercent en toute liberté leur art sur un vaste plateau dépourvu de décor – font que la magie shakespearienne parvient encore à opérer, à nous placer sous son charme et à nous ravir.
Parmi les comédiens, tous excellents répétons-le, il est incontournable de mentionner tout particulièrement la magistrale prestation de Tom Hiddleston. Se glissant alternativement dans les habits de Cloten et de Posthumus, les deux soupirants d’Imogène, aussi dissemblables et opposés que les deux faces d’une même pièce de monnaie, l’aisance et la justesse de sa prestation est aussi géniale qu’époustouflante. C’est toujours un bonheur immense de regarder évoluer de tels comédiens.
Aux Théâtre de Gémeaux, à Sceaux, jusqu’au 25 mars, puis en tournée à Bruxelles, La Hate, Milan, Londres, Moscou ou Madrid…