Je ne vais pas vous infliger tout un cours d’astrophysique – j’en serais au demeurant bien incapable -, seulement vous parler de ce qui se passe entre la vie et la mort d’une étoile.
Nous nous situons à l’instant où l’étoile a vécu, c’est-à-dire qu’elle a consommé tout son stock d’hydrogène, le transformant en hélium. Que se passe-t-il alors ? La réserve d’hydrogène est épuisée, l’hélium commence alors à son tour à se consumer. Le noyau s’effondre sur lui-même en s’échauffant et l’atmosphère qui l’entoure se dilate en refroidissant. L’étoile grossit alors pour devenir une géante rouge qui peut atteindre de cinquante à cent fois sa taille d’origine.
Deux scénarios sont désormais possibles.
Dans le premier, une fois son hélium épuisé, l’étoile devient de plus en plus dense et maigrit alors que son atmosphère, très instable, se dilue dans l’espace. Seul reste le noyau appelé naine blanche. Ce dernier refroidit jusqu’à s’éteindre et mourir. On parlera alors de naine noire.
Dans le second, qui concerne les étoiles les plus massives, l’étoile explose : son noyau se contracte brutalement, le reste est expulsé dans l’espace. Il s’agit d’une explosion de supernova, très brillante. Une fois l’explosion terminée, le noyau continue à se concentrer et devient une étoile à neutrons, souvent un pulsar. Les noyaux les plus massifs deviennent sans doute tellement denses que la gravitation absorbe tout, y compris la lumière : des trous noirs.
Soit, Gérard Depardieu fut une étoile du cinéma français. Voyons s’il est possible de pousser l’analogie plus avant. Disons que l’hydrogène constitutif d’une étoile est son talent, et que celui-ci en se consumant produit de l’argent. Et reprenons :
Gérard Depardieu a donc vécu, c’est-à-dire qu’il a consommé tout son stock de talent, le transformant en billets de banque. La réserve de talent épuisée, les billets de banque commence alors à leur tour à se consumer. Gérard grossit alors et atteint de cinquante à cent fois sa taille d’origine.
Puis Gérard explose.
A la fin, recroquevillé et seul, ne reste plus de lui que ce trou noir auquel il se résume.
Difficile en effet d’avoir été. Quand on comprend que, telles des vapeurs d’alcool après une bonne cuite, le talent s’est dissipé. On a des billets plein les poches et surtout une formidable gueule de bois. On se sent minable. On aime pas trop qu’on nous le fasse remarquer. Mais c’est ainsi, l’étoile est devenue un vulgaire petit trou du cul.
Et soudain on réalise que l’argent a quand même une sale petite odeur.